L’heure des histoires avec deux coups de ♥ : Béatrice et Vanessa + La révolte des lavandières … à dévorer sans compter

Je vous avais déjà parlé de cette petite collection pratique et ludique, qui s’emporte partout, légère comme une plume et donc facile à glisser dans un grand sac-à-main : L’heure des histoires. Si, si. Frottez-vous le front, grattez-vous le dos contre un tronc d’arbre et armez-vous de votre pot de miel. « Pense, pense, pense ». Vous y êtes ? Bravo ! Oui, nous avions découvert cette collection avec La sorcière dans les airs, génial livre pour les (tout)petits. Je récidive aujourd’hui, avec un tandem qui, of course, peut se séparer : Béatrice et Vannessa, ainsi que La révolte des lavandières. Ces deux livres jeunesse, pour les petits sont signés par John Yeoman au texte… et là, petite pépite sauce cerise caramélisée sur le pompon du hamburger végétarien : les illustrations sont de Quentin Blake. Oui ! Monsieur l’illustrateur de l’illustre Roald Dahl (dont je vous parlerai du centenaire dans une poussière de temps), lui-même. Hourra, ô joie dans les chaumières. Allez, zou ! On file au lit pour L’heure des histoires.

Un matin que les lavandières faisaient sans joie l’inventaire de la montagne de linge qu’elles venaient de recevoir, elles prirent soudain conscience qu’on leur en demandait vraiment trop. Unanimement, elles soupirèrent à la vue des draps sales, des mouchoirs dégoûtants, des chaussettes répugnantes, des chemises de nuit crasseuses, des nappes constellées de tâches, des serviettes infectes. La révolte des lavandières (L'heure des histoires) - John YEOMAN

La révolte des lavandières : sept femmes remontées qui pètent un câble

Il était une fois, car toutes les histoires commencent comme cela, sept lavandières joyeuses et pétillantes, qui descendaient chaque jour jusqu’à la rivière pour y nettoyer le linge sale. Chaque jour, leur patron, le rapiat monsieur Balthazar Lerat, leur fait livrer toujours plus de linge cradingue à laver. Par une belle matinée, la montage de linge est si énorme que, désespérée, l’une des lavandières (Ernestine, pour ne pas la nommer) propose de tout laisser en plan. Riche idée ! Les autres lavandières, toutes épuisées par autant de labeur ingrat, s’empressent d’acquiescer. Elles ensevelissent Balthazar Lerat (qui avait eu l'audace de les empêcher de danser en se frottant les mains de jouissance devant tant de linge à leur faire nettoyer) sous la montagne de linge et de chaussettes puantes, grimpent dans la petite charrette tirée par une paisible chèvre et foncent à travers villes et champs, en semant une sacrée pagaille…

Béatrice et Vanessa : deux amies prennent la poudre d’escampette

Il était une autre fois, deux amies soudées comme les doigts d’une main : Béatrice, la brebis, et Vanessa, la chèvre, se connaissent depuis leur naissance, broutent la même herbe depuis lors et papotent gentiment le museau posé sur la barrière du pré chaque jour qui passe. Sauf que voilà. L’ennui sourde. Elles ont fait le tour des sujets de conversation. Flûte. Et si elles partaient en vacances ? suggère l’espiègle Vanessa. Plus pondérée, Béatrice hésite, mais se laisse rapidement convaincre. Et pour cause : son amie lui propose d’aller piquer des affaires chez les fermiers, puisqu’ils ont fait la fête toute la nuit. Mais qu’emporter ? Et pourquoi pas cette tête de loup empaillée, surmontée de ballons colorés, ainsi que ce cabas fleuri ? Ni une ni deux, les deux amies s’emparent de leur trophée et prennent la poudre d’escampette pour de nouvelles aventures.

Béatrice et Vannessa et La révolte des lavandières : des histoires merveilleuses à dévorer sans compter

J’ai été ravie de découvrir ces deux histoires imaginées par John Yeoman. Son style est aussi virevoltant et espiègle que les illustrations aériennes, drôles et pimpantes de l’extraordinaire Quentin Blake. La révolte des lavandières, avec ces femmes qui découvrent le bonheur d’une vie sans contrainte, sèment la pagaille et la terreur sur leur passage (elles vont jusqu’à faire de la balançoire avec les cloches de l’église !) est absolument réjouissante… et leur rencontre avec les bûcherons virils (mais chut ! je ne vous en dit pas plus) permet à John Yeoman de clore sur une jolie morale : trouver le vrai sens de la vie. Béatrice et Vannessa est dans la même veine malicieuse et sautillante, avec ces deux amies qui affrontent une meute de loups affamés (entre autres) avec intelligence et ruse. Là encore, John Yeoman nous offre une belle morale sur l’amitié, les plaisirs du quotidien… dès qu’on l’épice un peu. Béatrice et Vannessa et La révolte des lavandières sont deux jolies fables, merveilleusement bien menées et illustrées : de petits plaisirs à déguster avec intensité, encore et encore, avec un plaisir non dissimulé.