La France d’antan à travers la carte postale ancienne : une petite merveille à compulser à l’infini

Amis de la nostalgie, bonjour ! Aujourd’hui, je vous propose de remonter dans le temps, sans voiture extravagante ni professeur à moitié dingue et complètement hirsute, mais grâce à un livre vraiment sympa : La France d’antan à travers la carte postale ancienne, que Sarah Finger aura mis 10 ans à concocter. Rien que cela. Et ce n’est pas le seul chiffre impressionnant de ce bel objet, qui ravira certainement les amateurs d’Histoire et de cartes postales : 890 de ces cartes postales anciennes (provenant de collections privées, et on comprend mieux pourquoi il aura fallu pas moins de 10 années de travail pour parvenir à un tel résultat) composent ce livre… de 2 kilos. Oui, oui. (Je n’ai pas vérifié le poids, mais j’ai une absolue confiance dans la présentation de l’éditeur !) La France d’antan à travers la carte postale ancienne nous offre un panorama complet (et ludique) de la vie économique et du quotidien de cette Belle Époque que je n'ai pas connue et, mince, quand le travail est bien fait, il faut le dire !

La France d’antan à travers la carte postale ancienne : histoire et clichés

Fut un temps, la Belle Époque en l’occurrence, où des photographes parcouraient la France à la recherche de moments du quotidien à prendre sur le vif, petits éclats d’Histoire éternels que les Français utilisaient pour se donner des nouvelles et que Sarah Finger compare (à juste titre, une fois que l’on y pense) à notre (très) actuel facebook. Sur les 800.000 cartes postales anciennes qu’elle a visionnées au cours de ces 10 ans de travail, Sarah Finger en a donc retenu 890, qu’elle a habilement recoupées en plusieurs sections, couvrant l’ensemble de la vie quotidienne de nos ancêtres, l’Histoire de France par la lorgnette, en somme. Nous avons donc l’industrialisation galopante et ses ouvriers, l’agriculture traditionnelle qui se modernise peu à peu, la vie maritime qui nous rappelle le Pêcheur d’Islande de Pierre Loti, les artisans et commerçants du monde rural et des villes, les transports, les loisirs… bref, de quoi passer en revue notre passé pas si lointain et qui pourtant semble déjà être éloigné d'une éternité !

La France d’antan à travers la carte postale ancienne : photos et contexte historique

Alors, évidemment, on peut se contenter de focaliser son attention sur les cartes postales anciennes… mais ce serait passer à côté des formidables anecdotes dont Sarah Finger émaille son texte, liant habilement grande et petite histoire de France. Car La France d’antan à travers la carte postale ancienne vaut, certes, essentiellement pour ces clichés fantastiques que Sarah Finger a déniché un peu partout en France, mais, surtout, pour la mise en contexte de ces photos : systématiquement, elle nous donne le cadre et les détails historiques pour ces nombreuses cartes postales anciennes qui dépassent ainsi le simple divertissement pour devenir enseignement. Car, oui, La France d’antan à travers la carte postale ancienne est un excellent moyen de revoir le programme d’Histoire studieusement appris au collège et au lycée, puis savamment oublié. Grâce à ces cartes postales intelligemment compilées, on plonge dans notre passé, avec le regard du spectateur omniscient et indiscret. On y retrouve des métiers depuis longtemps oubliés, comme les glaneuses, le remueur de champagne, le marchand de bouse de vache (si si) sur l’Île de Groix, ou encore le schlitteur, les verrotières, le charron et le marchand de Coco (dont le travail n’a pourtant rien à voir avec la noix de coco mais avec la réglisse, allez comprendre !)…

La France d’antan à travers la carte postale ancienne : un beau livre pour amateurs et passionnés

Le résultat de ces 10 ans de travail est un livre hyper documenté (Sarah Finger est allée jusqu’à lire le Grand dictionnaire de cuisine d’Alexandre Dumas !), qui fourmille d’anecdotes fascinantes et qui devrait ravir les amateurs… ainsi que les passionnés. On apprend, notamment, comment labourer les paysages escarpés d’Aveyron, comment ont fleuri les guinguettes des bords de Marne grâce à la loi de 1906 sur le repos hebdomadaire, la création des stations balnéaires (dont Andernos-les-Bains et ses régates pour pinasses à rames), le développement du thermalisme et la lutte sanguinaire (bon, j’exagère) entre Trouville et Deauville… On revit l’apparition des premières machines, on réapprend l’importance de la betterave et du sucre en France, on découvre les « bonnes laitières » du Morvan, la révolution que fut la stérilisation dans l’industrie de la sardine ou encore les habitations de fortune sous les coques de bateau, les balbutiements de l’automobile, le concours du « cracher de noyaux de cerise », la passion de l’impératrice Joséphine pour les gants…

Comme je vous le disais, les anecdotes historiques sont légion et m’ont bigrement passionnée. Le texte est bien fait, avec un soupçon d’humour non désagréable, et le graphisme un poil désuet est juste parfait avec ses variations de bleu-blanc-rouge, ses coqs en vadrouille et autres bâtons de ski. Tout cela dresse le portrait d’une France à la veille des grands bouleversements et aux débuts de la scolarisation obligatoire de Jules Ferry (mettant ainsi un terme au travail fréquent des enfants, particulièrement appréciés des ramoneurs), où le travail n’était ni facile ni bien payé (quelques pages dédiées aux gueules noires, aux émouleurs suffisent pour nous le rappeler), où les inventions révolutionnaient le quotidien : la création du métro, le tapis roulant en plein air de Biarritz (dans lequel une comtesse se coinça le pied), la femme aviateur « fiancée du danger », Marie « casse-cou » Marvingt, la naissance du bobsleigh, dans les Alpes et du ski. Je ne vais pas tout vous dévoiler, mais, oui, La France d’antan à travers la carte postale ancienne est un livre merveilleux, que l’on prend plaisir à feuilleter, puis à lire avec curiosité. A glisser sous le sapin (puisque nous arrivons dans cette période) !