Kaleb, saison 1 : du roman jeunesse qui fait frissonner
[Carozine dévore le roman Kaleb (saison 1) - Myra ELJUNDIR]7 Avr. 2015
Il arrive (bien souvent) que Carozine se pointe la tronche enfarinée, après la bataille. C’est précisément le cas avec le roman jeunesse Kaleb, de Myra Eljundir, dont le premier tome est sorti en 2012. Et, parfois, ce n’est pas plus mal. Car, voyez-vous, dans ce cas précis, la période d’éveil chez la Carozine a permis la sortie des deux tomes suivants, achevant ainsi la trilogie de Myra Eljundir. Et croyez-moi, après avoir lu Kaleb, saison 1, vous serez enchanté(e) de savoir que vous n’aurez pas à attendre un an avant de lire la suite des aventures fascinantes et frissonnantes du héros à la beauté du diable de ce roman jeunesse… du moins pour adolescents avertis (parce que si l’on m’avait fourré entre les mains Kaleb, à mes quinze ans, j’aime autant vous dire que je n’en aurais pas dormi pendant des nuits !) : quinze ans me parait un peu jeune pour un roman jeunesse aussi intense et violent (parfois plutôt borderline pour de jeunes adolescents) ; Kaleb, saison 1, sera, en revanche, idéal pour les jeunes adultes, à partir de 17 /18 ans ayant oublié que lire était surtout un plaisir et dont la dernière lecture remonte à bien trop longtemps… (et pour les plus vieux, également, parce que ce premier volet est diablement bien ficelé).
Viennent alors la honte et l’incompréhension : pourquoi a-t-il fait ça ? Comment a-t-il pu aller si loin ? Il a l’impression de sortir d’un mauvais rêve. Lui non plus ne se reconnait pas ces derniers temps. Ce n’est pas lui, cette bête déchaînée. Pourtant, il s’est rarement senti aussi bien que pendant cet accès de rage… comme s’il était enfin lui-même. Kaleb (saison 1) - Myra ELJUNDIR
Kaleb, saison 1 : un adolescent qui ne l’est plus vraiment et des pouvoirs dangereux
Kaleb a dix-neuf ans et la beauté du diable : brun et des yeux bleus à faire tomber en pâmoison la moins cruche des filles… il est la coqueluche du lycée dans lequel il vient d’atterrir. Car Kaleb change fréquemment de ville, et pour cause : son père a la bougeotte et l’incessante envie d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Envie égoïste ? Pas tout à fait. A la mort de la mère de Kaleb (Helga), juste à la naissance de ce dernier, le bébé a été remis au père tout juste âgé de vingt ans avec, en guise de cadeau de venue au monde une mallette et un ordre : quitter la France pour les Etats-Unis, ne jamais remettre les pieds dans ce pays et changer de ville tous les deux ans. Pourquoi un tel impératif dont Kaleb ne semble pas avoir conscience ? Quel est le don étrange qui semble se manifester avec de plus en plus d’insistance et qui pourrait mettre la vie de Kaleb en danger ? L’empathie. Comme de nombreux enfants à travers le monde, Kaleb est un empathe et ses dons viennent de se réveiller en même temps que le volcan islandais, l'Eyjafjöll, et ce pour l’excellente raison qu’ils sont des « enfants du volcan » : EDV. Chacun d’entre eux possède des pouvoirs, qu’il s’agisse de guérison, d’empathie ou de précognition, comme l’apprendra Kaleb en faisant la rencontre virtuelle de Vulcan et d’Aaron. Et tous sont pourchassés avec ardeur par une organisation militaire, SENTINEL, ayant à sa tête l’infernal et pugnace colonel Bergsson. A mesure que ses dons grandissent et qu’il devra choisir à quel escient les utiliser, Kaleb prend conscience de la traque qui se referme sur lui et qu’il lui faudra se battre s’il veut survivre et échapper aux griffes invisibles du colonel et de son assistante.
Il faut savoir qu’une éruption est la résultante d’une agitation volcanique intermittente, d’une durée de plus ou moins dix-huit ans. Comme si la naissance de Kaleb avait provoqué une réaction en chaîne dont l’effet boomerang vient d’avoir lieu. Les deux sont intimement liés, ça ne fait aucun doute. Nous savons, depuis des siècles que nous les observons, que les EDV sont sensibles à l’exposition aux cendres volcaniques d’Eyjafjöll. Une question de magnétisme, sans doute, qui vient décupler leurs aptitudes. Kaleb (saison 1) - Myra ELJUNDIR
Kaleb, saison 1 : du suspense, du frisson et des interrogations
Derrière le nom de Myra Eljundir se cache un auteur de thriller qui monte dans le petit monde de la littérature française… mais, dans le cas de ce roman jeunesse, il y a surtout un auteur diabolique, qui déploie lentement mais sûrement les filets dans lequel il vous retiendra. Car je doute fort que l’on puisse résister à la puissance magnétique de la trilogie jeunesse Kaleb. Pourtant, l’écriture est loin de compter parmi les plus fluides ou les plus éloquentes. Mais le style est bien présent et vous emprisonne au fil des pages, que l’on ne peut s’empêcher de tourner avec passion. Car Myra Eljundir fait plutôt bien les choses : rien ni personne n’est manichéen dans le monde de Kaleb. Et elle veille bien à ce que nous nous prenions d’affection pour son héros, dont la violence qui sourde à chacun de ses mouvements et l’arrogance aurait pourtant tendance à nous rebuter : elle le fait douter et évoluer par soubresauts de lucidité et de recherche à l’aveuglette de la vérité… avant d’instiller le doute en nous et de nous laisser, peu à peu, prendre conscience de l’ampleur des dégâts : oui, nous apprécions Kaleb, malgré son penchant indéniable pour le Mal et la perversion. Car Kaleb possède le don d’empathie : il s’approprie vos émotions et les fait siennes ; il les canalise et s’en délecte ; il les utilise contre vous si cela lui chante et, surtout, vous en dépouille, quitte à vous laisser en proie à vos plus violentes peurs car il se sera emparé du meilleur de vous. En face de lui ? Un colonel farouche et volontaire, capable de tout (et surtout du pire) pour mettre la main sur les EDV et sur celui dont il pressent la puissance : Kaleb. Et, avec le colonel Bergsson et son assistante aussi fascinante que peu effacée (contrairement à ce que l’on voudrait bien nous faire croire lors de ses premières apparitions), autant dire que le Bien ressemble à s’y méprendre à l’enfer. Avec Myra Eljundir, Bien et Mal ne sont pas si différents, intimement mélangés, comme en chacun de nous : tout dépend du côté vers lequel nous décidons de pencher. Et le pouvoir magnétique de Kaleb aurait tendance à nous laisser bigler vers le Mal. La trilogie Kaleb éveille une tonne d’interrogations dès les premières pages et Kaleb, saison 1, fournit des réponses partielles vous laissant sur une faim inassouvie, une envie urgente de dévorer la suite de cette trilogie jeunesse car tous les pions sont en place et vous êtes pris dans le filet : des personnages fascinants à la psychologie fouillée ; une intrigue haletante et des éléments parsemés comme autant de clefs disséminées dont on ne comprend pas encore la portée. A quoi bon vous débattre ? Vous savez bien que vous mourrez d’envie de connaître la suite ! Parce que, oui, vous voulez savoir jusqu’où Myra Eljundir est capable de vous conduire.
Ce début de soirée s’avère riche en enseignements. Non seulement Kaleb sait identifier les émotions étrangères qui l’envahissent, mais il peut désormais choisir sa « source ». Un progrès en soi. Même s’il est bien obligé de constater que, pour l’instant, les seules émotions qui le submergent sont négatives. La peur, la colère, et des envies encore moins avouables. Peut-être parce que le mal est toujours plus fort que le bien ; parce que la haine est le sentiment le plus pur qui soit, le plus durable… quand l’amour est souvent conditionnel et susceptible de s’éteindre ? Kaleb (saison 1) - Myra ELJUNDIR
Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!
Autres lectures de Carozine : Folie furieuse : du déjanté plein les yeux