L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet : un premier roman décapant

Entre deux ferries (ça vous fait voyager, hein ? Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas tarder à tout vous raconter sur ce magnifique voyage dans les Cyclades grecques) et avant de débarquer dans la discrète île d'Amorgos, une pause lecture s'impose ! Et L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet est l'arme idéale : un premier roman de Reif Larsen (un homme qui agace forcément : 29 ans ; déjà professeur d'université et écrivain plutôt talentueux) qui bouscule les conventions, perturbe les notes de pied de page pour les projeter dans les marges, griffonne un peu partout et nous plonge dans un univers décalé, celui d'un petit génie passionné de cartographie percevant le monde d'une certaine manière. couper le souffle entre science et religion". Sauf qu'à défaut de couper le souffle, La Formule de Dieu endort. Et voilà qui m'apprendra à me fier aux couvertures...!

L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet : un titre à rallonge pour un roman hors du commun

T.S Spivet n'est autre qu'un gamin de 12 ans ayant grandi dans le fin fond boueux du Montana avec un père taciturne préférant la compagnie de son truck ou de ses westerns à celle de ses enfants, une mère férue d'espèces rare d'insectes (voire même inexistantes) ayant mis sa carrière entre parenthèses (pour ne pas dire qu'elle l'a sabordée) pour venir s'enterrer dans un ranch, un frère appréciant d'un peu trop près les fusils (et donc disparu) et une sœur (toujours présente) fan de pop sirupeuse et de Miss America. Mais revenons à notre prodigieux mouton : T.S Spivet se passionne pour la cartographie et s'ingénie à représenter sous mille façons, par des cartes et autres croquis, la vie du ranch ; aidé par son mentor, T.S Spivet se fait passer pour un adulte et vend ses illustrations aux magazines spécialisés… jusqu'au jour où un monsieur zézayant lui annonce qu'il a reçu le (prestigieux) prix Baird et qu'il est donc prié de venir à Washington, dans les locaux de l'éminente institution scientifique qu'est le Smithsonian, pour se voir remettre le prix et, tant qu'à faire le déplacement, donner un petit discours. Après avoir longuement médité et préparé son nécessaire de voyage (compas et autres ustensiles saugrenus), T.S Spivet se lance donc à l'aventure, dans un train de marchandise afin de réaliser ses rêves : se conduire comme un hobo (wagabond des chemins de fer) et mettre les pieds au Smithsonian.

Voilà la base de l'argument de l'intentionnalité. Si tout ce que nous voyons autour de nous témoigne d'une volonté et d'une intelligence, pourquoi ne pas admettre qu'il existe une intention dans la Création ? Si les choses se révèlent intelligentes dans leur conception, pourquoi ne pas admettre qu'elles aient été conçues par quelque chose ou quelqu'un d'intelligent ? Pourquoi ne pas admettre qu'il existe une intelligence derrière ces créations intelligentes ?L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet - Reif LARSEN

L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet : un premier roman bien trouvé

Sur une trame relativement classique de voyage initiatique, Reif Larsen greffe plusieurs histoires, dont l'apprentissage de la botanique et de la géologie par ce qui fut la grand-mère de T.S : Emma, première femme à intégrer l'académie des sciences et à remettre à leur place de grands scientifiques préférant la religion à Darwin. L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet est un tantinet déjanté, prend mille et un chemins sinueux, nous bombarde d'anecdotes improbables et croquis farfelus placés dans les marges ; en somme, ce premier roman intrigue par son côté extravagant et fascine par la fluidité du style.
P.S. : et puis saperlipopette, ne serait-ce que pour sa présentation (même le livre de poche donne envie, tandis que la version grand format flirte avec le livre d'art), L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet en vaut la peine, bien que le démarrage du roman soit un peu longuet !