La Boutique Vif-Argent, tome 3, La carte des passages : un troisième tome plus dense et plus complet

Avant de retourner quelques instants vers l’univers de la littérature adulte (et en faisant délibérément l’autruche face à quelques considérations pratiques comme la syncope de mon banquier face au désastre de mon compte en banque après notre petite virée italienne), je fais un détour (qui ne sera sûrement pas le dernier) vers la jeunesse, avec le dernier (?) tome d’une série dont j’avais follement aimé l’univers : La Boutique Vif-Argent… et son tome 3, La carte des passages. Aux commandes, nous avons toujours Pierdomenico Baccalario pour le texte (comme ça, je ne m’écarte pas trop de l’Italie… Bien que son intrigue soit plantée au Royaume-Uni, dans un village trop verdoyant pour qu’il n’y pleuve jamais), et Iacopo Bruno aux illustrations. Hop la boum, on saute à pieds joints dans l’aventure virevoltante de La Boutique Vif-Argent et La carte des passages, et ensuite, promis juré, je vous parle de la vraie Italie et des sauts de puce que nous y avons faits… Mais chaque temps en sa chose, comme ne l’aurait pas dit Maître Yoda.

Ce n’était pas les premières funérailles auxquelles nous nous rendions ensemble, et ce ne seraient certainement pas les dernières, mais c’était sans aucun doute parmi les plus étonnantes. C’était l’un de ces moments typiquement écossais, où le mot « magique » s’impose pour décrire le comportement des hommes et de la nature autour d’eux. Le vent de la mer soufflait, cinglant, au sommet de la colline, et sifflait derrière nos épaules en montant entre les pics rocheux des montagnes. Les nombreuses îles de la baie se détachaient sur l’eau comme de mystérieuses pyramides et semblaient attendre qu’il se produise quelque chose. La Boutique Vif-Argent, tome 3, La carte des passages - P.D. BACCALARIO

La Boutique Vif-Argent, tome 3, La carte des passages : Finley McPhee et Aiby Lily face aux puissances obscures

Vous vous souvenez de Finley McPhee ? Cet adolescent de 14 ans qui fait l’école buissonnière et est rattrapé par les bretelles par une directrice pointilleuse et ainsi forcé de remplacer le facteur pendant ses vacances d’été ? Mais oui ! Et c’est d’ailleurs ainsi qu’il avait fait la rencontre de la merveilleuse et ravissante Aiby Lily, qui venait de se réinstaller dans le village pluvieux d’Applecross, avec son père, afin d’y rouvrir la fameuse (du moins pour les initiés) Boutique Vif-Argent. Vous y êtes ? Bien. Lors de la dernière aventure, Finley McPhee s’était retrouvé face à un géant et était ainsi devenu le protecteur officiel de la famille Lily et de la Boutique Vif-Argent. Nous le retrouvons aux funérailles un ch’touille particulières de la vieille Koumaïl : pour l’occasion, il a emprunté le costume sentant la naphtaline de son grand-père et, alors que son père lui a bien ordonné de n’avoir aucun métal sur lui et que la cérémonie de feu débute, Finley découvre une étrange pièce de monnaie dans la doublure de sa poche. Paniqué d’avoir pu éveiller sur lui l’intérêt maléfique des esprits de la bruyère, Finley lance la pièce de monnaie au loin, sans se préoccuper de son atterrissage… ou non. La cérémonie terminée, Aiby Lily lui offre une vieille montre en forme d’oignon, ayant appartenu à sa mère : la montre de la Deuxième Chance… et lui ordonne de la retrouver le lendemain pour une réunion de la plus haute importance. Et les réunions semblent être d’actualité puisque Somerled McBlack exige également une entrevue. Et tandis que son ennemi Semueld Askell fait encore des siennes, Finley doit savoir s’il est bien un Passebarrières…

Je me mordis la lèvre, inquiet, sans savoir vraiment pourquoi. Je toussai, faisant semblant d’être incommodé par la fumée, et en profitai pour faire un, deux, trois pas en arrière, et sortir du cercle des hommes. Une branche de bruyère sèche prit soudain feu, et McStay la souleva au-dessus de sa tête, puis la remit soigneusement sous le tas de bois. Je me retournai d’un seul coup et jetai de toutes mes forces la pièce de monnaie à deux côtés face et sans côté pile vers la mer. Je ne l’entendis pas tomber. Mais je sentis la chaleur du feu derrière moi.
Une flamme jaune et pétillante s’était propagée entre les branches sèches et s’élevait rapidement, comme un manteau de lumière. La Boutique Vif-Argent, tome 3, La carte des passages - P.D. BACCALARIO

La Boutique Vif-Argent, tome 3, La carte des passages : un troisième volume qui complète parfaitement la série

J’ai adoré me (re)plonger dans l’univers foisonnant de P.D Baccalario. Encore une fois, avec La Boutique Vif-Argent, La carte des passages, il nous emporte dans un monde peuplé de magie et d’objets farfelus, de trouvailles incongrues. L’imagination débordante est toujours au rendez-vous, de même que l’écriture fluide et accessible aux juniors… et l’humour ! Non parce que trop de sérieux tue le roman jeunesse, et un soupçon d’autodérision ne fait de mal à personne, surtout pas au lecteur. Avec ce troisième tome (et je ne sais pas s’il s’agit du dernier, donc ne levez pas la main, non non, voilà, on la range dans sa poche et on referme la bouche, merci), Pierdomenico Baccalario nous propose une vision plus complète, plus dense de sa série La Boutique Vif-Argent. En gros, il remplit les vides (j’étais partie pour un autre mot, mais les esprits salaces auraient ricanné) et fournit les explications, notamment sur les deux mondes qui cohabitent et semblent particulièrement apprécier le village d’Applecross. Pourquoi les Autres, ces créatures de la Terre Creuse, sont-il si furieux de la mort de la vieille Koumaïl ? Que cherche le machiavélique Semueld Askell et pourquoi est-il tant intéressé par Finley ? Autant de questions qui n’empêchent pas P.D Baccalario de peaufiner son intrigue, de faire évoluer son personnage de Finley McPhee en lui apportant la maturité et une bonne dose de confiance car, enfin, notre jeune héros semble vouloir se laisser guider par la Voix magique qui gronde en lui. Niveau intrigue et psychologie, on touche donc le pompon de la cerise sur le sommet de cette série jeunesse délectable qu’est La Boutique Vif-Argent. Et puis, bon, on a beau dire, les apparences comptent (si, si) et ce tome 3 de La Boutique Vif-Argent, La carte des passages reste dans la même veine : un bel objet avec ses deux couvertures travaillées et ses illustrations savamment fantaisistes (et signées Iacopo Bruno). Conclusion du jour ? Si votre gremlin ne connait pas encore La Boutique Vif-Argent, il va être grand temps de l’initier, ce qui devrait l’occuper un bon moment pendant les grandes vacances. Pour les juniors qui connaissent déjà, La carte des passages devrait les faire frétiller comme un acarien au salon mondial de la moquette.

Pour elle, je me serais jeté du haut de la falaise, mais il ne me paraissait pas utile de le lui faire savoir ouvertement. J’aurais alors dû admettre, vis-à-vis de moi-même aussi, que j’étais éperdument amoureux. Cela me tourmentait depuis plusieurs jours, comme dans une de ces histoires pour les filles que ceux qui lisent des livres lisent dans les livres. D’autant que c’était un amour impossible : non seulement Aiby mesurait au moins quinze centimètres de plus que moi, mais je craignais aussi qu’elle ait deux ans de plus que moi, et qu’elle plaise à mon frère, Doug, trois indices qui me faisaient comprendre que le jeu était fini avant même d’avoir commencé. La Boutique Vif-Argent, tome 3, La carte des passages - P.D. BACCALARIO