[Carozine se passionne pour l'Hermione, frégate construite à l'ancienne dans le port de Rochefort]
14Oct.2010
Vous êtes dans les environs de Rochefort et ne savez pas comment user vos talons ? Vous hésitez entre une énième séance shopping ou un peu de culture ? Une fois n'est pas coutume, Caro(z)ine vous évitera des appels de votre banquier agacé en vous proposant l'option culturelle, avec la visite de l'Hermione !
L'Hermione, la reconstruction du mythe de La Fayette
Depuis 1997, l'arsenal de Rochefort abrite le chantier de construction de la frégate Hermione : une frégate qui sera l'exacte réplique de l'Hermione de 1780, sur laquelle Gilbert Motier, marquis de La Fayette, s'engagea à la demande de Louis XVI pour prévenir George Washington de l'arrivée imminente des renforts français au côté des Insurgents américains face à la domination britannique. Il ne reste donc plus qu'aux Américains de prouver que ce n'est pas grâce à un La Fayette arrivant triomphalement un pied posé sur la balustrade de l'Hermione et la perruque flottant allègrement au vent s'ils ont pu se débarasser des Anglais ! Après avoir rempli ses missions avec honneur (la frégate fit également un détour par l'Inde), l'Hermione sombra sur des récifs situés au large du Croisic, sur le Plateau du Four (au sud de la Bretagne et dont le phare a été immortalisé sur de nombreux posters à admirer régulièrement dans les toilettes), guidée par les mains incompétentes de son nouveau commandant, en 1793.
L'Hermione, un chantier titanesque
L'Hermione en cours de construction
L'association Hermione-La Fayette a pris le pari de reconstruire à l'identique, tout en tenant compte des contraintes réglementaires actuelles imposées à tout navire, cette magnifique frégate que fut l'Hermione : un navire de trois mâts et de plus de 65 mètres de long. Alors qu'il aura fallu 6 mois pour construire la frégate en 1779, cela fait désormais 13 ans que quelques artisans s'activent autour des charpentes de bois de l'Hermione (à se demander s'il est si difficile que cela de nos jours de trouver des artisans compétents !) ; la mise à l'eau est cependant prévue pour 2012, permettant aux heureux élus de naviguer vers New York dans un décor digne des meilleurs films historiques, en espérant cela dit que la nourriture y soit meilleure et le cuisinier moins crasseux.
L'Hermione, "la frégate de la liberté"
La chantier de l'Hermione, à Rochefort
Allez savoir par quel détour saugrenu ce slogan fut délogé d'un cerveau hautement tordu, mais l'Hermione, bloquée à quai et ensevelie sous un hangar depuis 13 ans maintenant, a été appelée "frégate de la liberté" par les boute-en-train de l'association.
Enfin toujours est-il que les joyeux drilles en question ont également pondu la magnifique (et rentable) idée de rendre chaque moment de la reconstruction de l'Hermione public ; depuis 1997, il est donc possible de visiter quotidiennement le chantier de la reconstruction de l'Hermione et d'en admirer l'évolution : construction de la charpente ; la guibre ; les fronteaux et les carlingues ; aménagement de l'intérieur et des cabines...
L'Hermione, la frégate de l'attente
Le ventre de l'Hermione
Cela dit, si vous voulez éviter une énorme frustration suite à 45 minutes passées à piétiner dans une longue queue de visiteurs parmi lesquels vous vous coltinerez forcément les beaufs de service mâchouillant bruyamment leur chewing-gum et chronométrant le temps passé par la pauvre caissière débordée pour chaque entrée, optez pour la visite guidée du chantier incluant la visite de l'intérieur de l'Hermione ; sinon, vous ne verrez malheureusement pas grand chose de l'Hermione dont l'imposante silhouette est grandement masquée par les échafaudages et vous pesterez in peto, ce qui est est toujours mauvais pour le teint et la tension.
L'Hermione, un chantier qui vaut le détour
La frégate Hermione, à Rochefort
Ceux qui souhaitent visiter également la Corderie royale de Rochefort pourront faire les malins (sans tomber dans le ravin pour une fois) et prendre un billet combiné Hermione et Corderie, ce qui leur permettra :
1) de réduire le temps d'attente aux caisses car, Proust sait pourquoi, la Corderie royale de Rochefort est nettement moins populaire que notre frégate nationale (on y apprend pourtant un tas de choses bigrement intéressantes) et donc
2) de pavaner en prenant le temps de doubler la longue file d'attente s'impatientant devant les caisses de l'Hermione. Avouez que cela a son charme (c'est tout de même particulièrement réjouissant de passer devant tout le monde) !
